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Grenelle de l’éducation : la rhétorique du retard

lundi 7 décembre 2020

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Le Ministère de l’Éducation Nationale a lancé, jeudi 22 octobre, un « Grenelle de l’éducation » qui devrait se réunir jusqu’en février 2021.

Cette concertation, censée « permettre d’engager une évolution profonde du système éducatif et des métiers des personnels de l’Éducation nationale » est en réalité une opération de communication sur des visions déjà arrêtées. C’est ce qui a poussé la FSU FSU Fédération Syndicale Unitaire à quitter ce Grenelle ou la parole des personnels est peu écoutée, submergée par celles « d’experts » soigneusement choisis par le ministère, dont certains n’ont pour seule expérience de l’école que de l’avoir fréquentée durant leur jeunesse.

Dans ce Grenelle de l’Éducation, organisé en plusieurs ateliers celui consacré au Numérique éducatif n’a pas échappé à la règle.
Le SNETAP-FSU FSU Fédération Syndicale Unitaire y était présent.

1. Une opportunité à saisir

On assiste à l’émergence d’une éducation fondée sur le distanciel et la distanciation sociale. Pour faire face à la crise, ces travaux du Grenelle, autant que pour les états généraux qui se sont conclus à Poitiers le 5 novembre dernier, auraient dû interroger réellement l’intérêt du numérique dans l’enseignement et le moyen de valoriser son usage au service de la pédagogie et de ses usager.ères. Notamment en interrogeant l’intérêt pour la puissance publique de développer un véritable service public du numérique éducatif.

Cette question ainsi posée aurait peut être permis de faire émerger une réflexion démocratique sur les missions et les métiers des enseignant.es. Le problème de ces différents ateliers est que ni les enseignant.es, ni les élèves ou étudiant.es et leurs familles n’ont véritablement de place dans ces débats et leur parole a de fait été marginalisée.

C’est donc la volonté de se passer d’une éducation développant un esprit critique sur ce qu’est le numérique et de dépasser les interactions pourtant nécessaires entre apprenant.es et enseignant.es en mettant à mal la liberté pédagogique qui fonde pourtant ces interactions. Comme si ces interactions étaient un luxe que nous n’avions plus le temps de nous offrir.

2. La réalité : le retard culturel, un prétexte

Le sujet des ateliers et des états généraux peut se résumer ainsi : « Le monde de l’éducation est en retard et donc comment allons nous développer le numérique éducatif par une allégeance au monde économique » ? Avec la volonté que ces mutations soient irréversibles et validées par l’illusion d’un dialogue constructif en remplaçant l’activité d’enseignement par l’usage de l’intelligence artificielle et autres artefacts qui servent cette idéologie et évitent ainsi le recrutement d’enseignant.es puisque l’automatisation de l’enseignement permettra de dépasser cette problématique.

L’injonction qui semble émerger de certains travaux de ces ateliers prend son fondement dans le «  retard culturel  » notamment des familles pour imposer de nouvelles politiques d’éducation et de nouvelles injonctions à se former au numérique.

La « rhétorique du retard  » qui fonde le discours du Ministère de l’Éducation nationale dans ces ateliers du Grenelle et des états généraux du numérique utilise le virage vers le tout numérique et utilise l’argument massue c’est « pour faire face à la crise ».

3. Conclusion

Notre perception de ce Grenelle est qu’il n’est qu’une occasion de mettre en œuvre une politique libérale théorisée et établie de longue date et d’avancer à marche forcée sur les projets de mutation, de modernisation qui s’imposent à nous au nom de la crise avec en toile de fond l’idée que toute critique montre que nous sommes hostiles au changement.

Cela évite ainsi tout dialogue démocratique et permet un basculement total dans le numérique avec l’argument, théorisé par le libéralisme, que c’est le seul moyen de répondre aux problématiques de la crise sanitaire et des crises à venir...