Depuis la loi de la transformation de la fonction publique en 2019, les attaques aux statuts des fonctionnaires se sont amplifiées.
Après la disparition de toute concertation paritaire avec les représentant.es des personnels pour la mobilité, s’est ajouté la fin des compétences des CAP
CAP
Commission administrative paritaire
C’est une instance de représentation et de dialogue de la fonction publique française.
Les CAP sont chargées d’examiner des situations individuelles, mais elles soumettent aussi parfois des motions à caractère collectif.
(commission administrative paritaire) en lien avec l’avancement et l’évolution des carrières.
Cette opacité, voulue par le gouvernement, laisse planer le doute et la suspicion et surtout évince de tout dialogue les représentant.es des personnels.
Les enseignant.es sont plus particulièrement concernés avec une réelle atteinte à leur statut (PLPA
PLPA
Professeur de Lycée Professionnel Agricole
et PCEA
PCEA
Professeur Certifié de L’Enseignement Agricole
). Cette profession qui au début du 20ème était considéré comme le plus beau métier du monde et aujourd’hui mal menée et manque cruellement d’attractivité avec des salaires qui stagnent, un manque de reconnaissance, un déclassement, et des conditions d’exercice difficile.
Depuis plusieurs années on constate une diminution de candidat.es au concours d’enseignant.e rendant ce métier de plus en plus précaire avec une recrudescence de recrutement de contractuels.
Notre métier est en danger et les annonces de monsieur Attal ne sont pas là pour nous rassurer.
- recrutement anticipé des enseignants (bac +3), formation accélérée (avec une entrée en fonction dès la 1ère année (25 % puis 50%)
- revalorisation salariale avec une prime d’attractivité annuelle allant de 2130 euros bruts au 1er échelon à 400 euros bruts au 9ème échelon. Pas de quoi se réjouir. Et pour les fins de carrière, on en parle ? Rien, nada.
Peut-être un avancement de carrière accéléré avec le passage à la classe exceptionnelle ? Ce qui serait qu’un juste retour des choses compte tenu de la perte cumulée du pouvoir d’achat des personnels depuis 20 ans ainsi que de l’allongement de la carrière lié à la dernière réforme des retraites.
Mais là aussi, transparence et équité ne sont pas des bases de réflexion du gouvernement. Au contraire le gouvernement a manifestement l’intention de rendre l’opacité encore plus obscure, avec un renforcement de l’arbitraire de l’autorité hiérarchique, sans transparence et lisibilité pour les personnels, et sans possibilité de contestation.
Et que dire de la mal traitance infligée par le ministère de l’agriculture à ses enseignant.es avec une remise en question des grilles horaires inscrites dans les référentiels de formation ?
Une modification, sans concertation, du calcul du temps de service des enseignants. Un calcul des heures de pluridisciplinarité sur 36 semaines au lieu de 28 en bac pro rénové. Une broutille direz vous, qui oblige les enseignant.es à travailler gratuitement pour financer une semaine de face-à-face supplémentaire dans le cadre du stage collectif… Conduisant ainsi à la diminution de plus de 20 % du volume horaire de certain.es enseignant.es et de 50 à 200 euros sur leurs fiches de paie… à moins de prendre une ou plusieurs classes en plus !
Dans son dernier livre « Enseignants, de la vocation au désenchantement », Sandrine Garcia – sociologue – met en avant le ressenti des enseignant.es face au mépris du [pouvoir politique qui a investi dans des cabinets de conseil pour puiser des idées pour rationaliser un métier qui souffre déjà d’une grande rationalisation budgétaire tandis qu’eux mêmes sont sous payés et surchargés].
Bel avenir pour ce métier qui souffre de vocation ! Pourtant qu’il est beau de transmettre du savoir. Et comme le cite Philippe Meirieu dans son livre « Vocation enseignant » [Transmettre... est le plus important pour l’avenir.] [… Et pour transmettre il faut des professeurs…] [Enseigner est donc un métier aussi essentiel que difficile]… [Ils ne font pas ce métier pour acheter la gratitude d’autrui, mais parce que nul ne peut donner le meilleur de lui même sans être reconnu. Reconnu pour ce qu’il est…] [Reconnu pour le travail qu’il fait]… [… un monde qui parie sur ces enseignants peut retrouver l’espérance].
C’est précisément parce que nous aimons notre métier, parce que nous voulons être reconnu.es, parce que nous ne supportons plus le mépris que nous sommes là, aujourd’hui, mobilisés."