Cette rénovation aurait donc du se trouver sous une surveillance particulière. Cela n’a pas été le cas.
Faute d’une véritable analyse au cours des 3 premières années de mise ½uvre de cette rénovation, chaque élément permettant aujourd’hui de mesurer la réussite ou l’échec de la RVP RVP Rénovation de la voie professionnelle doit être regardé de près. À ce titre les résultats de la 1ère session de ce « Bac Pro 3 ans » sont un critère essentiel.
Pour le SNETAP FSU FSU Fédération Syndicale Unitaire le rapport « expertise des résultats d’examen du baccalauréat professionnel de la session 2012 » de l’Inspection de l’enseignement agricole [1], présenté au CTEA CTEA Comité Technique de l’Enseignement Agricole du 29 novembre 2012, est donc un des éléments qui doit amener à des prises de décisions fortes.
Un plan d’urgence s’impose :
Tout d’abord, à court terme, pour cette année scolaire :
– en recensant avec précision les candidats qui ont échoué en juin dernier (engagement pris par votre prédécesseur en juin dernier), leur situation, ceux qui ont redoublé, ceux qui ont décroché. À partir de ce recensement, l’appareil de formation doit mettre en place des dispositifs d’aide spécifiques ;
– en remettant en place la dotation de 60 heures de mise à niveau dans les référentiels de BTSA
BTSA
Brevet de Technicien Supérieur Agricole
, indispensable pour permettre à ces nouveaux étudiants de ne pas décrocher dès le premier trimestre ou semestre (cf. l’analyse des inspecteurs p 25 de leur rapport) ;
– votre administration ne peut laisser sans initiative forte la future promotion de juin 2013 ;
Puis à moyen terme, pour l’année scolaire prochaine :
– pour les jeunes actuellement en seconde professionnelle repérés en difficulté par les équipes pédagogiques à la fin du premier ou second trimestre, la possibilité forte d’ouvrir des classes spécifiques doit être accordée. Vous devez donner un signal fort à vos services régionaux allant dans ce sens en garantissant aux établissements que
l’ouverture d’une classe spécifique légitime ne pénalisera pas leur classe de première professionnelle. Cet engagement constituerait un signe fort de votre volonté de faire réussir le maximum de jeunes. Cet engagement doit s’accompagner dès maintenant d’une réflexion sur l’organisation de cette classe spécifique.
– Pour les jeunes en première professionnelle, l’ensemble des dispositifs d’individualisation doit être réinterrogé à l’aune des contre-performances avérées à l’examen, des nombreux retours du terrain et des préconisations des inspecteurs dans leur rapport d’avril 2011 (non prises en compte jusque là).
Ainsi, l’IEA rappelle dans son rapport que le « niveau national doit créer les conditions favorables pour la mise en ½uvre des réformes » ajoutant que la DGER
DGER
Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche
assurant le pilotage doit à ce titre « fournir les grandes orientations et les éléments de cadrage nécessaires qui se déclinent ensuite au niveau des établissements dans le cadre de leur
autonomie. » (p 23). Elle souligne en effet « qu’en dehors des horaires inscrits à l’emploi du temps et donc affectés dès la rentrée scolaire, les autres dispositifs se sont mis en place de façon inégales », « avec peu de méthode et de motivation », sachant que « dans certains cas ces heures ont été utilisées pour combler des sous-services, ou encore créer des dédoublements pour l’enseignement disciplinaire » (p 5), « certains enseignants se plaignant de s’être vus attribuer les heures d’accompagnement personnalisé « contraints et forcés » (p 6).« L’assurance de disponibilité de moyens doit donc être au moins garantie d’une année sur l’autre, pour envisager la concertation et l’engagement des équipes » et l’Inspection d’ajouter « qu’en ce qui concerne les modalités de rémunération, la prise en compte sous forme d’heures supplémentaires n’apparaît pas toujours en effet, aux yeux de nombreux enseignants ou de directeurs d’établissements, comme une solution réellement satisfaisante et l’intégration de l’ensemble des horaires dans la fiche de service des enseignants est une demande forte. » (p 13).
Enfin à long terme, pour l’année scolaire 2014-2015 :
– une remise à plat complète de la RVP avec la mise en place à côté du dispositif 3 ans réformé, la possibilité d’un parcours 4 ans avec le retour d’un véritable diplôme de niveau V reconnu par tous pour ses valeurs éducatives et professionnelles.
À ce stade, revenons sur cette chronique d’un gâchis annoncé et sur l’analyse que porte le SNETAP-FSU sur le rapport de l’Inspection présenté à l’occasion du CTEA du 29 novembre 2012.
Le SNETAP FSU, par une enquête partielle dès le mois de juillet, a été le premier à alerter l’administration sur les premiers résultats du Bac Pro 3 ans. Nous constatons aujourd’hui que le rapport de l’Inspection confirme une baisse globale des résultats et un écart significatif entre les parcours 3 ans et 4 ans.
Mais dans ces conditions nous ne pouvons suivre les conclusions de ce rapport (« il n’est pas surprenant de constater des résultats différents de ceux des années antérieures ... », « Les résultats de la session 2012 ne permettent pas de remettre en cause la RVP, dont le déploiement n’est pas achevé. », …) qui laissent entendre qu’il faut poursuivre cette réforme et attendre encore quelques années avant d’en faire un bilan définitif. À ce sujet, la seule décision prise lors du CTEA du 29 novembre de réaliser le même exercice d’expertise pour les résultats de la promotion juin 2013 est insuffisante et bien en-dessous des attentes légitimes des usagers et des personnels de l’enseignement agricole.
Pour le SNETAP une telle conclusion est inacceptable au vu du nombre d’élèves et d’apprentis déjà victime d’une politique éducative conduite à l’aune des seules économies budgétaires et du nombre d’élèves et d’apprentis aujourd’hui en Bac Pro, susceptibles de subir les mêmes conséquences en juin 2013.
Le SNETAP-FSU ne peut accepter l’argumentaire totalement artificiel de l’administration pour défendre la RVP. Si le nombre d’élèves qui ont obtenu le bac est en augmentation, ce n’est que par l’effet
mécanique du double flux. Avec la décision, sans précédent, de faire passer un même examen par deux générations d’élèves qui ont suivi la filière avant et après la RVP, vous augmentiez mécaniquement cet effectif de lauréats. De la même façon, défendre la RVP en indiquant que l’élévation du nombre de jeunes qui atteignent le niveau IV est une tromperie éhontée car tous les jeunes pour obtenir le diplôme
de niveau V devaient passer en première pro et donc atteindre mécaniquement le niveau IV (CQFD).
En revanche, et l’expertise le pointe parfaitement, le taux de réussite est en diminution de 6 %, avec un différentiel de 14 % entre les candidats « 3 ans » et les candidats « 4 ans ». Ce point est particulièrement inquiétant avec le triplement du nombre de candidats qui ont échoué en juin dernier (5081) alors que le nombre de candidats avait seulement doublé. Rappelons que les autres années, le
nombre de candidats en échec n’étaient « que » d’environ 1800 personnes.
De la même façon, l’expertise pointe un phénomène particulièrement inquiétant. C’est le taux de passage entre l’année de première pro et celle de terminale. Pour cette première promotion RVP, près de 3 % de jeunes en moins, issus de la filière « 3 ans » sont passés en terminale professionnelle par rapport aux jeunes « 4 ans ». Cette déperdition semble concerner plus de 10 % des effectifs. D’ailleurs, les éléments fournis lors de CREA laissent apparaître une augmentation sensible des départs en cours d’année de première. Ce dernier point, complété par le taux d’échec de juin 2012 porte à près de 8 000 jeunes qui avaient intégré la seconde professionnelle (ancienne et nouvelle formule) et qui ont quitté la formation en cours. Une analyse plus fine du suivi de cohorte par votre administration est nécessaire afin de mesurer au plus vite les causes de cette déperdition ainsi que les conséquences : sortie sans qualification, réorientation...
Pour appuyer cette analyse vous trouverez ci-dessous un certain nombre d’éléments à propos desquels le SNETAP-FSU à souhaité attirer votre attention concernant ce rapport :
Or, ici le SNETAP-FSU s’étonne tout de même, car depuis 6 mois, il interpelle l’administration et l’inspection sur le sujet de la formation initiale des enseignants sans jamais obtenir aucune réponse de leur part. D’autre part, le SNETAP-FSU s’est étonné lors du CTM CTM Comité technique ministériel FORMCO du 21 novembre dernier qu’aucune formation dans la rubrique « élèves en difficulté, pratiques pédagogiques » n’apparaissent dans le PNF 2013. Il est trop facile de reporter la responsabilité sur les équipes pédagogiques en pointant un manque de professionnalisation dans ces domaines sans réfléchir à la mise en place des outils de formation de ces mêmes équipes.
Pour le SNETAP FSU le constat d’un échec de la rénovation de la voie professionnel est clair. Il faut en tirer les conséquences et redonner toutes les chances de réussite à tous les élèves et apprentis faisant le choix d’un Baccalauréat Professionnel.
Le SNETAP FSU distingue deux problématiques soulevées dans ce document :
- les problématiques d’évaluation : en effet les inspecteurs soulèvent avec raison un certain nombre de difficultés liées aux conditions d’évaluation (au delà du problème de la gestion des doubles flux). Le SNETAP FSU réitère sa demande d’une de réflexion sur l’évaluation d’une façon générale.
- les problématiques de la rénovation de la voie professionnelle : elles exigent à très court terme la mise en ½uvre de dispositifs et de moyens permettant aux élèves en difficultés ou qui en sentiraient le besoin de bénéficier d’un temps et de soutien supplémentaires pour atteindre le niveau IV. Elles nécessitent à plus long terme une remise à plats complète de la RVP dans l’intérêt des jeunes et pour répondre véritablement à la demande sociale d’élévation des niveaux de qualifications.
Dans l’attente des suites que vous donnerez à un tel dossier, nous n’en doutons pas, veuillez agréer, Madame la Directrice Générale, l’expression de nos sincères salutations.
Jean Marie LEBOITEUX
Secrétaire Général SNETAP FSU